mercredi 7 janvier 2015

Le préfet de l'Hérault : "La mosquée de Lunel est préoccupante"

De l'Hérault au jihad : un tsunami  de réactions républicaines à Lunel 
L'instant inquiétudes et mesures après les décès de Lunellois en Syrie, le préfet de l'Hérault, Pierre de Bousquet, était en visite mardi 6 janvier à Lunel (Hérault).

Le préfet de l'Hérault, Pierre de Bousquet, s'est rendu à Lunel (Hérault) mardi 6 janvier, en signe de solidarité et de soutien républicain. Il a rencontré le maire de Lunel, Claude Arnaud, accompagné du député de la 9e circonscription, Patrick Vignal. L'occasion d'une rapide visite du centre-ville, mais aussi et surtout de faire le point sur les mesures annoncées en faveur de la cité pescalune en réaction au départ d'une vingtaine de jeunes Lunellois et aux décès de six d'entre eux en Syrie. Avec une volonté forte et réaffirmée de faire changer les choses de façon positive.

Quel regard portez-vous sur Lunel ?

Lunel est une vraie ville, avec une culture spécifique, qui mérite d'être reconnue, avec une mentalité, des traditions. Une belle image, celle du Muscat. Du fait de sa situation entre Montpellier et Nîmes, il faut reconnaître que depuis quelques dizaines d'années, en terme d'aménagements, tout n'a pas été pris en compte comme il aurait fallu. Maintenant, non seulement il faut aider le maire de Lunel, mais il faut aider cette ville à mobiliser ses propres ressources.

Où en est-on des mesures annoncées lors d'une réunion de crise en décembre 2014 ?

Dans le cadre du contrat de plan, le maire a obtenu la déviation de la RN 113, afin de créer une zone d'activité, de ramener de l'emploi.

Il y a des mesures éducatives aussi. Sur le long terme, cela doit permettre de régler un certain nombre de problèmes récents à Lunel. Dont la traduction la plus visible ces derniers mois a pris la forme de ces départs de jeunes au jihad, comme ils disent. (...) Il importe à la fois de prendre des mesures en terme de sécurité et d'éducation, de reprendre les choses en main. Il faut montrer à ces jeunes gens que ce ne sont pas des oubliés de la République. Leur montrer qu'il y a une place pour eux, un avenir.

Mais à court terme, des mesures sont-elles prises ?

Fin décembre, a été lancé le recrutement d'un délégué du préfet (ce sera le 6e pour tout l'Hérault, NDLR). La sélection aura lieu en février et la nomination en mars. Nous avons fait le point avec le maire sur les médiateurs sur la ville. Il les estime à une douzaine. Chacun doit amener sa pierre à l'édifice. Et c'est enfin à toute la communauté musulmane d'exprimer à ces jeunes qu'ils font fausse route. C'est une erreur, sans issue, mortifère. (...) C'est le vide dans la tête de ces jeunes. Ce sont des gens qui n'ont pas de culture religieuse, historique, de vision géostratégique (...) Ils se mettent juste au service d'une idéologie mortifère qui n'a pas d'autre but que de les utiliser et de les manipuler. Il faut leur montrer leur valeur, leur offrir une deuxième chance. La population d'origine maghrébine représente un quart à un tiers de la population à Lunel. C'est une part importante qui ne peut être laissée de côté ! Et c'est le devenir de leurs enfants, il faut qu'ils leur expliquent !

Suivez-vous de près les élections qui sont programmées ce dimanche 11 janvier au sein de la mosquée de Lunel ?

On regarde ça. Il y a plusieurs candidats. Certains plus raides que d'autres. Il y a clairement un risque d'emprise fondamentaliste sur cette mosquée. Pour moi, la mosquée de Lunel est préoccupante.

Certains réclament sa fermeture. Est-ce envisageable ?

Non. C'est sur les hommes que l'on peut agir. Sur la nature des prêches, les idées proférées. Les activités qui s'y passent. Ce n'est pas la mosquée qui est en cause. C'est un lieu de culte. Ce sont les hommes qui sont en cause, la gouvernance. On souhaite aussi qu'un imam prêche en français.

Depuis les événements lunellois, y a-t-il eu des signalements spécifiques à Lunel, sur le numéro vert dédié ?

Oui, il y en a eu. Avec plusieurs types de traitement, soit par les services de renseignement, soit avec un accompagnement. Mais on ne peut pas empêcher un adulte de voyager, aujourd'hui ! D'autant qu'ils font des trajets très indirects, via Barcelone ou l'Allemagne... Et être un musulman intégriste, ce n'est pas un délit. Nous sommes par contre très efficaces sur les mineurs : en entente avec les familles, on peut les empêcher de sortir.

Recueilli par CAROLINE FROELIG